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CRITIQUES

A PLUSIEURS DIFFICULTÉS

PROPOSÉES

PAR LES NOUVEAUX INCRÉDULES,

SUR

DIVERS ENDROITS DES LIVRES SAINTS.
PAR BULLET.

NOUVELLE ÉDITION,

REVUE, SOIGNEUSEMENT CORRIGÉE, MISE DANS UN NOUVEL ORDRE,
ET AUGMENTÉE D'UNE TABLE DES MATIÈRES.

TOME PREMIER.

TH

À PARIS,

CHEZ GAUTHIER FRÈRE ET Cie, LIBRAIRES,

RUE HAUTE-FEUILLE, No 18.

MÊME MAISON DE COMMERCE, A BESANÇON.

OYS

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Les ennemis de la révélation ont souvent censuré les métaphores et les figures dont sont remplis nos Livres saints. Un d'entre eux vient de nous fournir une réponse solide à cette vaine difficulté. Il dit en parlant de l'Iliade:

« Cequi me confirme dans l'opinion qu'Homère étoit de >> la colonie grecque, établie à Smyrne, c'est cette foule de mé> taphores et de peintures dans le style oriental. La terre qui >> retentit sous les pieds, dans la marche de l'armée, comme >> les foudres de Jupiter sur les monts qui couvrent le géant » Typhée; un vent plus noir que la nuit qui vole avec les tem» pêtes; Mars et Minerve suivis de la terreur, de la fuite et » de l'insatiable discorde, sœur et compagne de l'homicide. >> dieu des combats, qui s'élève dès qu'elle paroît, et qui, fou» lant la terre, porte dans le ciel sa tête orgueilleuse. Toute » l'Iliade est pleine de ces images.

Il ajoute :

>> Nous rions, nous levons les épaules en voyant des dieux >> qui se disent des injures, qui se battent entre eux, qui se bat>> lent contre des hommes, qui en sont blessés, et dont le sang >> coule. >>

Questions sur l'Encyclopédie, au titre Epopée.

I.

Et après avoir dit que la guerre des Titans contre les immortels étoit le premier mystère de la religion grecque, il finit

ainsi :

« Ces emblèmes étoient fréquents et n'étonnoient personne. » Homère a peint un siècle : il ne pouvoit pas peindre les » siècles suivants. »

Voilà une solide apologie de ce grand poète; mais elle est en même temps celle de nos auteurs sacrés : ils ont peint leur siècle, ils ne pouvoient peindre les suivants : ils ont fait le tableau des mœurs et des usages de leur nation, ils ne pouvoient faire celui des mœurs et des usages des peuples étrangers, qu'ils ne connoissoient pas : ils se sont exprimés dans le style oriental, ils ne pouvoient s'exprimer avec le flegme de nos climats.

Cette réponse est décisive: nous y ajouterons cependant deux réflexions qui nous paroissent du plus grand poids.

1. La langue arabe n'est pas moins pleine de métaphores et d'hyperboles que l'hébraïque, ainsi qu'on peut s'en convaincre en lisant les sentences et les proverbes de cette nation, recueillis par Epernius et Golius; le panégyrique de Mahomet, composé par Caab Ben Zoheir. On ne voit cependant pas que les incrédules aient jusqu'ici fait un crime à ce peuple de son style; pourquoi n'accordent-ils pas la même justice, ou s'ils veulent, la même grâce à nos auteurs sacrés ?

2. Il seroit facile de montrer, dans les poètes grecs et latins, des figures aussi hardies que celles que nos adversaires reprochent aux Livres saints. Cependant Homère et Virgile font leurs délices, comme ils font celles de tous les gens de lettres. Ils admirent dans leurs vers ce qu'ils blâment dans l'Ecriture. N'est-ce pas là avoir deux poids et deux mesures ?

Canon des Ecritures.

L'auteur du livre intitulé: Dieu et les hommes1, écrit que «<les Pères du concile de Nicée, étant fort embarrassés à décider quels évangiles, quels pieux écrits il falloit adopter, et quels il falloit rejeter, s'avisèrent de mettre pêle-mêle sur l'autel tous les livres qu'ils purent trouver, et d'invoquer le Saint-Esprit, qui ne manqua pas de faire tomber par terre tous les mauvais livres; les bons restèrent. »

Cette traduction n'est pas exacte; mais comme elle convient

'Chap. 40.

pour le fond avec l'original, nous n'incidenterons point là dessus.

Ce récit est tiré d'un petit traité intitulé: Synodicon, qui contient une histoire fort abrégée de la plupart des conciles, soit généraux, soit particuliers, qui se sont tenus depuis l'établissement du christianisme jusqu'à l'année 877. Le père Labbe le fit imprimer dans l'Appendix du premier tome de sa collection des conciles. Il se trouve aussi à la fin du cinquième tome de celle du père Hardouin. Ce savant dit, que cet ouvrage, dans le manuscrit dont il s'est servi pour son édition, est attribué à Cyrille, évêque de Jérusalem. Cette attribution est fausse, puisqu'il n'y a point eu en cette ville d'évêque de ce nom, que celui que ses vertus ont placé au nombre des saints; lequel ayant vécu dans le quatrième siècle, ne peut avoir composé un traité où l'on parle des conciles tenus cinq siècles après sa mort. Quel que soit l'auteur du Synodicon, il ne peut être plus ancien que la fin du neuvième siècle. Qu'on juge par-là de la croyance que mérite son témoignage sur un fait qui est arrivé cinq cents ans avant lui!

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Mais si son récit n'est d'aucun poids à raison de l'éloignement du temps, il n'est digne que de mépris à cause de sa fausseté manifeste. C'est ce que nous allons faire voir.

Saint Athanase assista au concile de Nicée; il auroit été témoin oculaire de ce prodige, s'il se fût opéré dans cette sainte assemblée. Il combattit pendant toute sa vie les ariens qui meprisoient les décrets de ce synode. C'étoit bien là l'occasion de citer ce miracle, qui auroit été si propre à en affermir l'autorité; car comment auroit-on pu douter que le Saint-Esprit eût présidé à un concile dans lequel il auroit manifesté sa présence d'une manière si sensible? Mais ce saint docteur ne dit pas un mot de cette merveille dans aucun de ses ouvrages.

Rufin, qui, dans son Histoire ecclésiastique, a parlé fort au long du concile de Nicée, garde le plus profond silence sur

cet événement.

Saint Hilaire, saint Grégoire de Nazianze, saint Basile, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, presque contemporains du concile de Nicée, qui ont tant écrit contre les ariens, n'ont jamais cité ce prodige.

Tous les auteurs grecs et latins, pendant cinq cents ans, ont ignoré un miracle si éclatant et si intéressant, opéré devant trois cent dix-huit évêques, venus de toutes les parties de la terre, devant un empereur et sa cour, devant des philosophes

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